mardi, 11 janvier 2011
Coup de projecteur sur …
… Kanjil Éditions et ses livres CD
Souvenez-vous : avant le CD, il y avait la cassette et avant le livre CD, le livre cassette. L’idée de rassembler un enregistrement et un livre n’est pas nouvelle : on se souvient des albums disques du Père Castor dont les premiers datent des années 60. Mais au milieu des années 80, il y a une explosion du livre lu. Dans la foulée, l’édition enfantine suit avec une floraison de livres cassettes, mais en grande majorité, les éditeurs de livres se contentent de rajouter une cassette à un livre déjà existant.
Au temps des éditions Vif Argent…
Lise Bourquin Mercadé, elle, a inventé la « Cassetine ». Peut-être parce qu’elle a auparavant travaillé dans la publicité, elle conçoit un document à la fois beau et pratique : une couverture cartonnée contenant les pages d’un album, avec à l’intérieur du plat antérieur, une forme de plastique pour y loger la cassette, et cerise sur le gâteau, un petit ruban pour fermer le tout. Les éditions Vif Argent étaient nées.
L’« emballage » n’était pas seulement joli, le contenu l’était aussi : histoires soignées, illustrateurs de qualité (Joëlle Boucher, Béatrice Tanaka) et toujours un soin extrême apporté à l’enregistrement sonore, tant dans le domaine des illustrations musicales que dans le choix des interprètes : Bruno de La Salle, Mimi Barthélémy, Michel Hinndenoch, Catherine Zarcate, pour ne citer que ceux-là.
A une époque où l’on s’intéresse encore peu aux musiques du monde, c’est une collection qui fait voyager : « Le bateau de Noé » nous emmène sur le Mississipi, « Chico Rei » au Brésil, « Les Matriochkas de Natacha » en Russie, « Kanjil et les tigres » en Indonésie.
Adieu Vif Argent… Bonjour Kanjil
Et puis la collection disparaît, longtemps…et ressurgit en 2008 sous le label « Kanjil Éditions » avec « Dis-moi les chansons d’Haïti » chantées par Mimi Barthélémy et illustré par des reproductions de peintres naïfs haïtiens. Une merveille !
Va suivre « La légende de Chico Rei », l’histoire du premier roi noir brésilien qui a racheté la liberté de son peuple, raconté en Français, puis en Brésilien et suivi de l’histoire de la samba
La présentation a changé : la cassette a fait place au CD, le petit livre carré a un format à l’italienne - gros travail de reconstruction pour l’éditeur et les illustrateurs, car certains clichés d’origine ont été égarés.
On se réjouit de la renaissance de ce petit éditeur indépendant et courageux qui a fait de si belles choses dans le domaine du livre cassette et qui récidive avec ses livres CD(*). On attend avec impatience la réédition de « L’oranger magique » de Mimi Barthélémy, du « Roman de Renard » raconté par Michel Hindenoch, de « La princesse aux deux visages » de Catherine Zarcate, un des plus beaux titres de la collection, et de « Kanjil et les tigres » dont le héros indonésien a donné son nom à la maison d’édition.
En attendant, on peut toujours écouter :
Dis-moi des chansons d’Haïti (déjà chroniqué dans ce blog)
La légende de Chico Rei
Noémi Kopp-Tanaka : Les Matriochkas de Natacha (analyse)
Mimi Barthélémy : La reine des poissons (analyse)
(*) Note: Des livres sans enregistrement joint figurent aussi à son catalogue (www.kanjil.fr )
COUP DE CŒUR
Agnès Berton-Martin : Lunon chamboule tout
Raconté par Cristel Touret
Album illustré par Elisa Gehin
Benjamin média ; livre CD
Depuis qu’il est sorti du gros bidon tout rond de sa maman la Lune, il chamboule tout le petit Lunon : il « saute comme un petit pois, en riant aux éclats, il bondit à gauche, roule à droite, il voltige, il fait la toupie ». Il mécontente les étoiles et sur terre, il sème aussi une belle pagaille : les amoureux ne s’embrassent plus, les pilotes d’avion sont perturbés, et même les voleurs ne peuvent plus voler et personne ne dort plus. Mais tout va s’arranger… grâce à une berceuse.
C’est tout simple , et pourtant c’est une totale réussite : le texte, entre histoire et poésie, joue sur les rythmes de la phrase et accompagne aussi bien le petit Lunon dans ses sauts et ses bonds que les humains dans leurs récriminations.
Quant à la musique, elle fait tellement partie de l’histoire qu’on peut parler ici d’un véritable conte musical. En plus, c’est très joliment raconté .
Les illustrations d’Elisa Gehin , avec ses personnages stylisés aux couleurs vives, évoquent irrésistiblement l’affichiste Savignac et rendent parfaitement l’atmosphère aérienne et dynamique de l’histoire.
A partir de 2 ans