mardi, 29 novembre 2011
Les analyses du mois
François Hadji Lazaro : Ma tata, mon pingouin, Gérard et les autres
album illustré par Delphine Durand
Milan Jeunesse, collection Tintamarre. Livre CD
Plein d'imagination, auteur de multiples blagues et bêtises, râpeux mais tendre, tel devait être le gamin François Hadji-Lazaro. Le leader de « Pigalle » et des « Garçons Bouchers » retrouve son esprit de « sale gosse » dans les 14 chansons de cet album dédiées aux enfants. Humour ravageur, impertinence , imagination débridée, un rien de surréalisme : mine de rien il pourrait bien piquer le public de Vincent Malone - pour preuve une hilarante visite au zoo et des courses au supermarché où Mémé finit par péter un câble. Et si « Maman, elle écoute que ça » - c'est-à-dire du hard rock, François Hadji-Lazaro, lui, a les oreilles ouvertes à toutes sortes de musiques, du hard rock à la danse traditionnelle bretonne en passant par la country et le folk américain avec une prédilection pour l'accordéon dont il joue à merveille.
A partir de 7 ans
Brassens, chanté par … Aldebert, Agnès Bihl, les Ogres….
album illustré par Rémi Cierco.
Formulette. CD ou livre CD
Je ne fais pas pas partie des esprits chagrins qui pensent que Brassens ne doit être interprété que par lui-même. Chaque artiste a le droit d'apporter sa vision personnelle à un répertoire qui fait désormais partie du patrimoine : c'est une excellente façon de le faire revivre et d'en assurer la transmission.
Ici, Agnès Bihl et sa malice acidulée font merveille dans une délicieuse « Chasse aux papillons » et son « Maman Papa » en duo avec Aldebert est une des réussites du disque. Les Weepers Circus impriment « Le parapluie » de leur touche un peu déjantée, mais la palme revient aux Ogres de Barback pour leur hilarante version des « Sabots d'Hélène ». Yves Jamait et Aldebert, de leur côté s'inscrivent davantage dans la lignée du grand Georges. Une seule déception avec « Debout sur le zinc » - pourtant excellents dans un autre disque du même éditeur (Abécédaire de Boris Vian) ; peut-être le sujet des « Passantes » et de « Mourir pour des idées » était-il trop grave pour leur esprit facétieux. C'était pourtant une bonne idée de sortir un peu des titres traditionnellement proposés dans une sélection pour les enfants.
Deux présentations pour cet enregistrement : CD et livre CD. Dans les deux, on trouve les paroles des chansons et une présentation des interprètes. Sans hésiter laissez tomber le livre : l'éditeur a visiblement oublié de convoquer un maquettiste pour la mise en page. C'est dommage pour les illustrations de Rémi Cierco qui ne sont vraiment pas mal.
A partir de 6-7 ans
Jacques Haurogné : Doudou perdu
Vous en avez marre des chansons d'Anne Sylvestre ? Alors écoutez Jacques Haurogné avec vos enfants.
Ce chanteur-comédien se montre aussi à l'aise dans l'intensité dramatique du « Doudou perdu » que dans la tendre rêverie de « Balan-balançoire », la jubilation des « Yaourts à tout » ou la drôlerie de la « P'tite maison tout en cochon » qu'il nous livre dans un style très Nino Ferrer. Ajoutez à cela un répertoire qui sort un peu des sentiers battus avec « Balle qui détale », « Anatole, vole, vole », ou « Pipistrelle et cacatoès ».
Ce n'est pas la première fois que Jacques Haurogné reprend les Fabulettes - en spectacle ou en CD (*). Il apporte à ces textes à la fois subtilement écrits et si proches des enfants son talent d'interprète et les arrangements de Thierry Garcia dominés par de superbes guitares qui changent agréablement de François Rauber.
3- 6 ans
(*) « Capitaine et Jako » et « L'ile en l'eau ».
Le roman de Renart
traduction et adaptation de l'ancien français par Pierre Mezinski , raconté par Dominique Pinon
Gallimard jeunesse, collection « Ecouter lire », 2CD
Les affrontements du rusé goupil avec ses compères Chanteclerc, Tibert et surtout le loup Ysengrin. Profitant de leur naïveté et leur bêtise, Renart ne peut s'empêcher de leur jouer des tours souvent très méchants (Brun l'ours y perd la peau de son museau, Ysengrin sa queue et il aurait pu perdre la vie). Mais à force de jouer à malin malin et demi, c'est Renard qui se fait avoir notamment avec Tibert le chat.
De ces dix épisodes dont certains sont très connus : Renart et les anguilles, Renart et le puits... le comédien Dominique Pinon (**) nous donne une interprétation vivante et alerte avec sa voix grave et un peu rocailleuse dont les intonations rappellent par moments François Périer. Bien qu'il s'agisse d'une lecture, on a l'impression qu'il invente l'histoire au fur et mesure qu'il la raconte.
Deux CD, ça peut paraître long, une écoute par épisodes sera la bienvenue pour les plus jeunes, surtout que chaque épisode peut être abordé indépendamment des autres.
un petit dépliant donne des indications sur l'oeuvre, ses origines, ses personnages, sa portée de critique sociale, bref mais très informatif.
Pour mémoire : il existes de nombreuses versions sonores du roman de Renart. Parmi les plus réussies, l'adaptation « radiophonique » d'Olivier Cohen où Jean Rochefort brillait en récitant malicieux (chez Frémeaux, toujours disponible). On se rappelle aussi de la version du conteur Michel Hindenoch parue chez Vif Argent avec des illustrations de Peter Alfaenger, malheureusement introuvable aujourd'hui. A quand une réédition chez Kanjil ?
(**) on avait déjà apprécié son talent de lecteur dans les « Histoires comme ça » de Kipling dans la même collection
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