mercredi, 26 octobre 2011
COUP DE PROJECTEUR SUR …
… Le carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns
Saint-Saëns avait renié cette œuvre qu'il considérait comme une blague. Il en avait même interdit la représentation de son vivant. Pas plus qu'il ne la destinait aux enfants, il n'a jamais souhaité y adjoindre de paroles. Francis Blanche avait écrit pour cette musique des textes malicieux. Longtemps restés dans l'oubli, ils ont été remis à l'honneur par Thierry Magnier avec comme récitant Philippe Meyer, puis François Morel. De son côté Carl Norac, chez Sarbacane, s'est essayé à trouver des mots pour accompagner la musique de Saint-Saëns.
Deux éditeurs prestigieux - Didier Jeunesse et Gallimard Jeunesse Musique - font paraître pour cette rentrée deux versions du célèbre « Carnaval » .
Chez Didier jeunesse, collection Contes et opéras
Texte de Pépito Matéo, dit par lui-même
musique interprétée par un orchestre de solistes : Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand, Alexandra Brown,.. (2008-2010)
Album illustré par Vanessa Hié
Pour tous à partir de 4 ans
Chez Gallimard
Texte de Yann Walcker dit par Enzo Enzo
musique interprétée par l'orchestre du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson (1992)
Album illustré par Marion Billet
A partir de 3 ans
Deux réussites, deux univers différents
Dans la lignée de Francis Blanche, le conteur Pépito Matéo (Didier) commente ce défilé zoologique comme un mariage princier : il sait faire naître des images par la seule magie de sa parole. Ses textes ludiques, qui jouent sur les allitérations, sont assez courts pour retenir l'attention des enfants, même petits.
Pour sa part, Yann Walcker (Gallimard) joue la carte du conte. C'est Enzo Enzo dont on avait déjà remarqué le talent de « diseuse » chez Naïve qui raconte l'histoire de ce lion malade d'avoir avalé une mouche ; mais de quoi souffre-t-il exactement : grognonite ? ronchonite ? bougonite ?..
Fidèles à leur réputation, l'un comme de l'autre éditeur nous offrent un album soigné, mais dans deux esprits différents : chez Didier Jeunesse le texte est mis en scène dans une mise en page dynamique qui s'amuse avec la typographie : les images foisonnantes de Vanessa Hié qui jouent sur l'épaisseur de la pâte colorée ont une fantaisie qui correspond bien à celle de la musique. Gallimard, de son côté, propose des illustrations plus sobres, presque stylisées, rappelant la simplicité des papiers découpés, bien faites pour séduire un public de jeunes enfants.
Didier, en fin de volume, propose des notices musicales; pour sa part, Gallimard offre une présentation des instruments utilisés, écoutes à l'appui.
Si les deux séduiront les petits dès 3-4 ans, il semble cependant que le public du Gallimard plafonnera vers 6-7 ans alors celui du Didier Jeunesse pourrait bien concerner un plus large public, adultes compris.
Ne me demandez pas de choisir. J'aime les deux.
Dernière minute : Décidément Saint-Saëns a le vent en poupe cet automne : un autre « Carnaval » est paru cet automne chez Gautier-Languereau, collection « Histoires en musique », avec un texte d'Elodie Fondacci et des illustrations David Merveille, mais je n'en sais pas plus, ne l’ayant ni vu, ni lu, ni entendu.
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