jeudi, 01 mars 2012
J'ai bien aimé aussi
Guy Jimenes : Noar le corbeau
illustration Amélie Jacobsky , réalisation de Ludovic Rocca
raconté par Charo Beltram Nunes,
Benjamins média, collection taille L, livre CD
paru le 14 octobre 2011
Victime d'un mauvais sort, le bûcheron Joël se transforme, la nuit tombée en Barbedogre, tueur de corbeaux... Noâr se retrouve prisonnier dans son antre...
Trois bonnes raisons d'apprécier ce livre-disque :
D'abord l'histoire qui est plus complexe qu'on ne pourrait croire : l'affreux Barbedogre, tout méchant qu'il est, n'est au fond qu'une victime et c'est en dominant sa peur que Noâr va délivrer son bourreau de la malédiction qui pèse sur lui et rendre la vie à la clairière.
Ensuite la récitante : Charo Beltram Nunes dit ce conte d'une voix grave et ronde. Sans jamais nuire à l'excellence de sa diction claire et précise, son léger accent sud-américain qui fait sonner les consonnes ajoute un charme supplémentaire au récit.
Enfin, et c'est peut-être le plus réussi : la mise en scène sonore qui raconte parfois autant que la voix de la récitante : des bruitages agencés dans des séquences qui permettent de suivre les personnages et une guitare blues qui intensifie les moments dramatiques. Il est vrai que Benjamins média s'adresse aussi à un public d'enfants mal-voyants qui n'ont pas accès aux illustrations de l'album
Une très belle réalisation
A partir de 6 ans
Catherine Zarcate : Salomon et la reine de Saba
Oui Dire, 3 CD
Paru en 2010 (l'enregistrement date de mai-juin 2010)
Voilà des années que Catherine Zarcate porte en elle cette histoire mythique ; elle la raconte depuis 1986, et pour l'écrire, elle a compulsé des masses de documents dont elle donne la bibliographie (abondante) sur la pochette du disque. Ce conte venu du fond des âges fait appel à des traditions juives (pas seulement bibliques), mais aussi soufies, persanes et éthiopiennes. En fait c'est un kaléidoscope d'histoires qui mettent en avant la sagesse du grand roi Salomon. Tous les récits convergent vers sa rencontre et son union avec une autre personnalité exceptionnelle : la reine de Saba.
La parole de Zarcate fait image : on voit la reine, vouée à la virginité dès l'enfance, traverser la piste d'or à la rencontre de celui qui va l'en délivrer.
Il y a un petit arrière-fond féministe dans cette épopée et Catherine Zarcate déclare par ailleurs avoir « délibérément choisi [les histoires] qui étaient cohérence avec la paix dont le roi porte le nom. »
La conteuse est royale, somptueuse, magnifique comme d'habitude. On l'écoute au fil des trois CD (près de trois heures) sans aucune lassitude. Son racontage est ample, tranquille : c'est un fleuve qui avance majestueusement mais inexorablement.
La musique qui utilise des instrument exotique constitue autant une respiration dans le récit qu'un dépaysement. La conteuse s'accompagne à la tempura dont la fascinante sonorité nous entraîne sur le tapis volant de Salomon..
On peut écouter de bout en bout (pas de lassitude), mais aussi par épisodes (la plupart peuvent être écoutés séparément)
Pour tous à partir de 10 ans
Jacques Ferron : L’amélanchier.
adapté Denis Côté raconté par Johanne Marie Tremblay. Album illustré par Anne Sol
Planète rebelle (Collection Conter fleurette)
paru le 11 mars 2011
Souvenirs d'enfance de Tinamère de Portanqueu qui vit entre sa mère Edna et son père Léon avec qui elle entretient une relation privilégiée. Celui-ci fait la différence entre le « bon côté » des choses (le jardin, la maison) et le « mauvais côté » des choses (la rue, le monde extérieur).
C'est la réécriture d'un conte pour adultes créé en 1970 par un auteur très populaire au Québec. Si l'auditeur ou lecteur européen n'a pas toutes les clés pour appréhender cette histoire, il peut cependant en apprécier des aspects universels : la quasi-symbiose des personnages avec la nature, la vie surprotégée et l'émancipation finale de cette enfant unique. Coincée entre ses deux parents, la petite fille ne peut s'échapper que par des rêveries autour de Charles Dodgson et des personnages d'« Alice au pays des merveilles ».
Sur fond de paysages sonores qui replacent le récit dans son atmosphère rurale, Johanne Marie Tremblay - pointe d'accent québécois et élocution très claire - nous fait entrer dans cette histoire pas si facile d'accès qu'on n'appréciera vraiment que si l'on est en mesure de faire un recul sur sa propre enfance.
A partir de 11-12 ans
Les commentaires sont fermés.