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mardi, 19 octobre 2010

COUP DE CŒUR

Carl Norac : Monsieur Chopin ou le voyage de la note bleue

Chopin Bonaffé.jpgRaconté par Jacques Bonnafé, avec Shani Dikula au piano, album illustré par Delphine Jacquot

Didier jeunesse (lien), livre CD (parution octobre 2010)

Se détournant de la classique biographie, Carl Norac nous offre une approche originale de Chopin dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance.

« J'ai imaginé les lettres qu'il écrivait à Titus (Woyciechowski), mais je me suis inspiré de sa vraie correspondance d'adolescent. Il donne une image d'un jeune homme exceptionnellement doué, mais plein d'humour, malgré une santé déjà chancelante » écrit l'auteur dont le texte a enthousiasmé le comédien Jacques Bonnafé qui en donne ici une lecture sobre et prenante. La jeune et talentueuse pianiste Shani Dikula qui assure l'illustration musicale tout au long du récit a activement participé au choix des morceaux et propose en fin d'enregistrement une Ballade, un Nocturne et une Barcarolle, dans leur intégralité. Texte lu et références des œuvres figurent dans le grand album carré illustré par Delphine Jacquot qui a retrouvé le charme suranné des gravures colorées du 19ème siècle.

Décidément, les correspondances de musiciens réussissent bien à Carl Norac. Après « Monsieur Satie, l'homme qui avait un petit piano dans la tête », l'écrivain belge renouvelle avec talent le genre « biographie de grand musicien racontée aux enfants. ». Un album qui ravira toutes les familles mélomanes et les pianistes en herbe.

A partir de 6 ans.

 

Coup de projecteur sur …

Les livres CD d'Enfance et Musique (lien)

Enfance et Musique.jpg

Le CD va mal : en dix ans, les ventes ont chuté de 50% et rien ne laisse espérer que les choses puissent s'améliorer. Selon plusieurs études récentes, il semblerait que si le CD a un avenir (à court ou à moyen terme), ce serait sous la forme de livre CD : une bonne nouvelle pour l'édition pour enfants, mais qui n'est guère surprenante quand on voit le succès des collections de Gallimard Jeunesse Musique ou de Didier jeunesse. Si les éditeurs de livres ont ouvert la voie dès les années 90, les éditeurs phonographiques misent à leur tour sur ce support qui remporte les suffrages des familles. Universal (Victorie music) en collaboration avec Tralalare.com n'a-t-il pas lancé en avril 2010 les éditions des Braques, proposant en livres CD des chansons d'Henri Dès, Sophie Forte et Pierre Chêne ?

 

Dès 2006, l'éditeur Enfance et musique met sur le marché les trois premiers titres des « Petits livres-disques », s'appuyant sur des valeurs sûres : « Les tout petits loups du jazz » d'Olivier Caillard, « A l'eau » d'Hélène Bohy et « Mon petit doigt m'a dit » d'Agnès Chaumié. Il s'agit soit d'une compilation de plusieurs CD (« Les tout petits loups » ou les « Berceuses ») soit d'une sélection d'une dizaine de titres choisis dans un album déjà existant en CD seul ( « Pirouettes », « Cocorio », « Virelangues »). La création ne concerne alors que le livre avec, au début, la présence de deux illustrateurs, et pas des moindres : Antonin Louchard et Katie Couprie auxquels viendra s'adjoindre en 2010 Ianna Andréadis pour « Au loin le monde est tout petit » (parution en novembre 2010)

Si l'on en juge par les emprunts dans les médiathèques, ces petits livres carrés aux grosses pages cartonnées et aux coins arrondis, bien conçus pour une manipulation par de toutes petites mains ont immédiatement séduit les familles. L'album est en effet un support d'écoute très apprécié des parents.

 

En 2009, « Ti zozios » et « Les trois papas » marquent le commencement des « Grands livres-disques Enfance et Musique ». S'adressant davantage à un public familial, la présentation concerne aussi bien les tout-petits que leurs aînés : abandon des grosses pages cartonnées et format un peu plus grand (mais qui reste manipulable par des petits). Une collection qui poursuit son essor en 2010 avec l'arrivée de nouveaux illustrateurs : Sophie Mondésir et Carine Samson pour quatre nouveaux titres - dans la lignée classique de l'éditeur : musiques du monde (« Enfantilles » (analyse coup de cœur) et « Chante le monde » (analyse)- et albums dédiés à la petite enfance : « Les p'tites bêtes » (analyse) et « Toc,toc,toc » (critique dans la prchaine mise à jour de ce blog).

Ce dernier trimestre 2010 amorce un tournant avec une création : « L'histoire de Gaston et Lucie » (analyse) et la parution d'un « Pierre et le loup » (analyse) illustré par Pef et raconté par François Morel et Olivier Saladin : deux productions un peu inhabituelles où l'éditeur, depuis toujours estampillé petite enfance, semble vouloir faire évoluer son image de marque. Mais il faut se rappeler qu'il avait en son temps remis à l'honneur le « Grand méchant cochon et les trois gentils petits loups » : une histoire décoiffante du Grand Magic Circus qu'on aimerait bien voir à nouveau figurer à son catalogue. A suivre...

 

dimanche, 19 septembre 2010

Coup de projecteur sur …

... le livre « Pleins feux sur la chanson jeune public »

Bustarret didier_jeunesse.jpg

Anne H.Bustarret : Pleins feux sur la chanson jeune public

Didier jeunesse, coll. « Passeurs d'histoires » (lien)

Parution juillet 2010

 

D'abord un aveu

D'abord, cher lecteur de ce blog, je dois vous faire un aveu : je connais bien l'auteur. C'est elle qui m'a initié aux disques pour enfants et à la chanson jeune public, et c'est ensemble que nous avons créé en 1976 au sein de la bibliothèque de l'Heure Joyeuse « La commission d'écoute de disques pour enfants » pour les bibliothécaires jeunesse de la Ville de Paris. Trente-six ans qu'on se connaît et qu'on travaille ensemble - encore aujourd'hui au sein du groupe de travail qui décerne les coups de coeur jeunesse de l'Académie Charles Cros.

 

L'auteur

Pionnière en la matière dès les années 70, Anne Bustarret s'intéresse à la chanson jeune public depuis bientôt 40 ans. Critique de disques pour enfants à Loisirs Jeunes, L'Ecole des parents, Diapason, puis au quotidien le Monde, elle a écouté un nombre incroyable de chansons pour enfants, et couru les festivals ; hier, Carrefour d'Yzeure et Chansons aux pommes, aujourd'hui, Mino, les Refrains des gamins du Festi'Val de Marne, Tintinabulle ou Chanterelle où elle a vu beaucoup d'artistes face à leur public enfantin. Elle s'est aussi beaucoup déplacée dans les écoles et dans les crèches et ses observations sur le terrain ont alimenté ses livres : « L'Oreille tendre » Bustarret l'oreille tendre.jpg(malheureusement épuisé), « La Fureur d'écouter »(1) et bien sûr « La mémoire enchantée : pratique de la chanson enfantine de 1850 à nos jours »(2).

 

Le livre

L'auteur connaît donc son sujet sur le bout du doigt et nous fait explorer la richesse et la diversité de cette chanson pas si fondamentalement différente de celle destinée aux adultes. D'abord elle évoque les paroles avec des jeux sur le langage, des onomatopées, des mots mêlés, des fredons et des ritournelles, puis s'intéresse aux thèmes abordés : peu de changements majeurs en ce domaine malgré une évolution qui correspond aux changements de société : familles recomposées, parents divorcés et l'introduction dans la vie quotidienne de technologies nouvelles. Enfin l'aspect musical : les voix, la mélodie, les rythmes, les arrangements.

Depuis la première parution en 1986 de « La mémoire enchantée », et même de « La fureur d'écouter » en 1992 les choses ont bien évolué : d'une part, l'ouverture vers les musiques du monde et la petite enfance, d'autre part on ne parle plus de chanson pour enfants mais de chanson jeune public - voire tout public. Une terminologie qui correspond à une réalité de terrain, la production d'enregistrements stagnant alors que les spectacles, isolés ou au sein de festivals, continuent d'accueillir de nombreuses créations. Pour clore, elle nous fait parcourir les « chemins de la diffusion » qui vont du spectacle vivant en passant par l'édition, les médiathèques, les écoles et les différents medias.

Tout au long du livre, de nombreux artistes sont cités. La liste est assez complète malgré quelques oublis : Fonfrède et Becker (lien), notamment dont les noms avaient tout à fait leur place dans les chapitres concernant les jeux de mots et la poésie. Le propos est illustré de nombreux témoignages d'auteurs compositeurs interprètes, programmateurs de spectacles, musiciens, éditeurs, bibliothécaires... Index des noms propres, bibliographie, quelques adresses d'éditeurs complètent ce livre intéressant et bien documenté qui donne une juste idée de la vitalité et de la créativité de la chanson jeune public actuelle.

Un ouvrage de référence sur un sujet quasiment jamais traité.

_____________________________

(1) « La Fureur d'écouter ». Syros

(2) « La mémoire enchantée : pratique de la chanson enfantine de 1850 à nos jours » (2). Editions Ouvrières - éditions de l'Atelier, coll. « Enfance Bustarret la mémoire enchantée.jpgheureuse ». 1986

 

Des chansons traditionnelles

prem rondes chansons.jpgPremières rondes et chansons, 2-4 ans

Réalisation Timothée Jolly, illustrations de Stefany Devaux, Christine Destours, Laetitia Le Saux, Clémence Pénicaud

Didier jeunesse (lien), coll. Les P'tits lascars, livre CD

20 chansons traditionnelles. Si toutes sont connues, certaines n'ont pas été enregistrées depuis longtemps comme « Dame Tartine », « Le Palais-Royal », Mam'zelle Angèle », « Mon père m'a donné un mari ». Ceux qui aiment les interprétations lisses où pas un fil ne dépasse seront sûrement déconcertés par cette atmosphère de fête conviviale entre copains, les autres aimeront la variété des voix, l'atmosphère ludique et les jolis arrangements utilisant des instruments inhabituels (piano jouet, sifflet, mélodica).Pour chanter, c'est facile : on se reportera aux paroles et à la ligne mélodique des chansons dans l'album illustré par quatre illustratrices différentes. A noter la présence de Clémence Pénicaud, une petite nouvelle qui a bien du talent. A la fin du livre, commentaires sur les chansons, historiques ou pédagogiques nous

Pour tous à partir de 2-3 ans.

 

Mironton Mirontaine : chansons de toujours et danses traditionnellesmironton_mirontaine.jpg

Par les Musiciens de Melle de Guise, dirigé par Laurence Pottier et Le Petit Chœur dirigé par Aline Behar.

Bayard musique (lien), 2 CD

Des chansons traditionnelles interprétées par un chœur d'enfants. Quoi de plus banal ? Mais introduisez des instrumentaux signés Lully, Charpentier, Couperin, Robert de Visée et des arrangements interprétés sur des instruments utilisés à l'époque par un ensemble baroque et voilà un document tout à fait original. Une bonne occasion pour les enfants d'entendre le théorbe, la viole de gambe ou le clavecin et d'ouvrir leurs oreilles au répertoire de baroque et de la Renaissance

Le premier volume de ce coffret, « Mironton, mirontaine » déjà paru en 2002 sous le titre « Croc'baroque » propose des titres comme Malbrough, Frère Jacques, J'ai du bon tabac. Avec le deuxième, « Gai luron, lurette », on s'oriente vers un répertoire de la Renaissance, moins spécifiquement enfantin, mais dont les paroles racontent toutes des histoires, avec la présence de raretés comme « Margot labourez les vignes », « Belle qui tient ma vie » ou « Jésus-Christ s'habille en pauvre ».

A partir de 5 ans

 

Commentaires:

Lundi 18 octobre, Bretagne Buissonnière a écrit

Bonjour
Je decouvre votre blog... Venez découvrir le mien ... et on se blog list !

 

Des chansons de création

babouille.jpgBabouille bonbon : quand je ne chante plus de chanson, je tourne en rond

Hervé Bouvet-Maréchal, Karine Morano, Laurent Imessounene

Victor mélodie, CD 2010 (lien)


Ils parlent de la différence, évoquent les questions des enfants et savent croquer une savoureuse scène familiale autour de la télé. Pourtant, ce n'est pas tant les paroles des chansons qui retiennent l'attention malgré des refrains à reprendre (« La vérité », « Beurk ») que l'environnement musical qui accroche agréablement l'oreille par ses petits bruits, ses dialogues et ses inventions sonores. On sent le groupe très interpellé par les sons (« Chut », « Du bruit ») et ses arrangements s'avèrent ludiques et riches tant au niveau des voix (utilisation d'onomatopées et de polyrythmies) que de la musique proprement dite. Deux voix masculines et une voix féminines parfaitement accordées se partagent l'interprétation dans une énergie qui rappelle Amulette dans sa meilleure période. Paroles dans le dépliant

4-7 ans

 

Pierre-Jean Zantman et Stéphanie Ballet : Caisse caisse (chansons du spectacle)caisse caisse.jpg

Compagnie Goûte-y-donc (lien - autoproduction 2009) CD

(18 rue Salvador Allende, 91220 Brétigny-sur-Orge - 01 60 84 65 07 / 06 23 08 36 29)

 

Les enfants ont toujours aimé jouer avec des caisses, pour les emboîter, les empiler, construire des maisons et se cacher dedans. Utilisées comme éléments dramatiques sur scène, elles ont servi de base à l'écriture des chansons d'un spectacle « Caisse caisse »créé en 2007.

Malgré leur indéniable qualité musicale, j'avoue n'avoir été guère séduite par les précédents enregistrements de Jean-Pierre Zantmann pour les enfants (« Poisson plume » notamment): les paroles, sinueuses et compliquées me semblaient loin du monde des petits et de leur compréhension.

Quelle bonne surprise de trouver ici des paroles simples et ludiques qui jouent sur les mots et les allitérations. La présence de Stéphanie Bellet (musicienne intervenante à l'école en primaire et maternelle) y serait-elle pour quelque chose ? Sa jolie voix pure et juste, apporte un supplément de charme à un duo homme femme parfaitement équilibré, accompagné à la guitare et à l'accordéon : un parti-pris de sobriété qui met en valeur la richesse des deux voix et leur permet de jouer sur les polyphonies, les tuilages, les échos. Un CD plein de charme et d'une excellente tenue musicale.

A partir de 3 ans

 

petrek_valise_dans_la_tete.jpgPetrek : Une valise dans la tête

Avec Laurent Darmon au piano

Victor mélodie (lien), CD

 

Après deux CD consacrés aux plus de six ans, Petrek amorce un tournant avec ce disque atypique. Hier, il était plutôt « rock'n'roll », aujourd'hui, pour accompagner sa voix doucement voilée, il a abandonné les orchestrations compliquées pour un simple piano (il dit avoir beaucoup écouté Satie, Chopin et de Debussy pour l'occasion) ; surtout il s'adresse à un public plus jeune à qui il parle du temps qui passe. A l'époque de la Star'Ac, on peut s'interroger sur l'impact d'un tel enregistrement, mais les faits sont là : jusqu'à présent les enfants de maternelle ont réagi favorablement à ce récital intimiste voix-piano. L'artiste lui-même se declare surpris de l'accueil des enfants. Sans doute ont-ils besoin de douceur dans ce monde de bruit et de fureur...

3-6 ans

 

Sophie Forte : J'suis vertsophie-forte-jsuis-vert.jpg

arrangements d'Antoine Sahler, ill. Camille Loiselet

Ed. des Braques (lien), livre CD

 

Dans une interview, Sophie Forte a déclaré ne s'être intéressée aux enfants qu'à partir de l'âge où elle a commencé à en faire ( à l'approche de la quarantaine) ; cette comédienne qui a fait ses classes de chanteuse au Petit Conservatoire de Mireille est aussi auteur de théâtre, mais elle est surtout connue du grand public comme humoriste à la radio et à la télévision.

Pour s'adresser au jeune public, elle ne perd rien de son mordant et de sa fantaisie. Aucun sujet ne lui fait peur : on le sait depuis son précédent disque où elle avait abordé le thème de l'homosexualité avec « Tonton est tata ». Ici par le biais d'un enfant qui s'ennuie à la messe, elle parle de religion et de tolérance (« A nous Dieu), traite à rebrousse-poil le thème de l'écologie, (« J'suis vert »), évoque le divorce des parents ou l'adoption d'un petit frère étranger, proteste contre les emplois du temps surchargés des enfants, réclame des câlins sur un air de java en duo avec Françoise Morel (un des meilleurs moments du disque). Elle est drôle, espiègle, impertinente à l'image de sa voix rieuse. Ces chansons qui ont fait l'objet d'un spectacle ont déjà été publiées chez Victorie music en 2008.

6-9 ans

 

peroteau_le_bateau_de_pepe.jpgPascal Péroteau: Le bateau de Pépé

Victor mélodie (lien), CD

Cet ancien clown sait s'adresser aux enfants. Ses chansons en forme d'histoires évoquent les relations familiales avec des saynètes de la vie quotidienne, le gosse qui fait des bêtises ("Le chat"), l'arrivée (gênante) d'une petite sœur ("Mes anniversaires") et l'épouvantable drame domestique du ninnin disparu, sans oublier les petites joies du quotidien ("J'aime patauger"). Il sait aussi donner dans la fantaisie rigolote: dans "Petit déjeuner", sa rencontre avec des boulangers improbables qui parlent tous gromelo est totalement réjouissante. Son interprétation souvent plus parlée que chantée est soutenue par des instruments acoustiques (clarinette, soubassophone, accordéon) et il s'est bien amusé en créant le paysage sonore de la farandole des sorciers, fantômes et dragons de "La pleine lune". On peut aussi reprendre en chœur "Les petits poissons" et "Buvons un coup ma serpette est perdue" chantée par la voix zozotante du (tout) petit Matteo.

 

3-6 ans

 

mercredi, 11 août 2010

Hommage à un lecteur hors pair

Bernard Giraudeau

1947-2010

 

medium_V87_Livres_Bernard_Giraudeau_Photo_1_par_Mordzinski_.JPG

On se souvient de ses yeux bleus, de son rôle de justicier tatoué dans « Rue barbare », de sa danse endiablée dans « Gouttes d'eau sur des pierres brûlantes »... Après sa disparition en juillet dernier, les media ont beaucoup évoqué le courage de l'homme et son combat contre le cancer qui l'a finalement emporté.

Essentiellement connu comme acteur de cinéma, c'était aussi un réalisateur de films, un écrivain d'une grande finesse et... un remarquable lecteur de livres et de contes pour les enfants.

Dès la fin des années 70, après Gérard Philipe, Fernandel, Michel Galabru, Jean-Claude Brialy,... il ajoute son nom à la longue de liste des récitants du célèbre Pierre et le loup (analyse).

En 1984, il séjourne dans les Andes pour le film « Les longs manteaux » de Gilles Behat. Le tournage est long, ses enfants alors très jeunes, lui manquent. Alors il invente pour eux des histoires qu'il enregistre avant de les envoyer en France avec les bobines du film.

Début 1990, deux de ces contes paraissent séparément en livre-cassette chez Nathan : « L'âne et la grenouille » et « Le facteur pigeon » - deux titres épuisés aujourd'hui, mais qu'on peut encore écouter, rassemblés avec d'autres dans un CD paru chez Naïve en 2002 et toujours disponible : « Les contes d'Humahuaca » (analyse).

La même année arrive sur mon bureau l'enregistrement du premier volume d'Harry Potter : « Harry Potter à l'école des sorciers » (analyse). Huit Cassettes à écouter, c'est long... (oui, à l'époque, c'étaient des cassettes); je soupire devant l'ampleur de la tâche, mais conscience professionnelle oblige, je glisse la première dans mon lecteur. Tout de suite, je suis happée par le ton du récitant, sa conviction à défendre le texte, sa façon de rythmer les phrases tout en restant très naturel. Mais qui sont ces comédiens qui l'accompagnent et incarnent si bien Harry, Hermione, Dumbeldore, Mimi geignarde, Nick Quasi-sans-tête... ? J'examine la jaquette sous toutes les coutures : pas d'autre nom que celui de Bernard Giraudeau qui a ciselé pour chacun une voix qui lui va comme un gant.

Parallèlement, en 2004, il fait une lecture du conte du chilien Luis Sepulveda : « Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler » (analyse) dont le cadre (le port de Hambourg) a sûrement beaucoup touché le marin qu'il était.

 

« Trouver une voix par personnage, c'est souligner, affirmer, confirmer le caractère voulu par l'auteur. Une vraie jubilation pour un comédien... », déclarait-il. Il ne se contentait pas de donner une voix aux personnages, il leur donnait une âme.

Bernard Giraudeau n'est plus, mais ses enregistrements nous restent, un plaisir de qualité à partager avec nos enfants.

Commentaire:

Le 17:08:2010 louis-marie 92 a écrit

C'est vrai que ce grand acteur et cet homme chaleureux et ouvert nous quitte bien tôt et nous attendions de lui bien d'autres enregistrements ou d'autres contes.  Sa voix restera pourtant dans nos oreilles et dans nos coeurs, à nous et nos enfants, petit-enfants, arrières petits-enfants grace aux nombreux documents sonores pour la jeunesse qu'il a réalisés.

mardi, 22 juin 2010

Coup de projecteur sur …

MUSIQUES DU MONDE POUR LES ENFANTS

 

La fin des années 80 marque un net intérêt pour les musiques du monde - intérêt qui va bientôt gagner les collections de disques pour enfants. Le travail interculturel pratiqué par « Enfance et musique » dès sa création en 1986 n'est certainement pas étranger à la floraison de collections qui se développent au milieu des années 90.

 

Dès 1993 les discothèques enfantines saluent l'arrivée dans leurs bacs du premier volume du « Chant des enfants du monde » (« Afrique : Guinée, Sénégal » chez Arion) de l'universitaire Francis Corpataux, même si cette remarquable collection ethno-musicologique n'est pas spécialement destinée à un jeune public.

De son côté, Françoise Cartade, « fabricante de curiosités » dans la région de Bourg-en-Bresse lance en 1999 l'opération « Au fil de l'air » d'où sont issus deux premiers disques : « Chansons d'ailleurs pour écoliers d'ici » et « La caravane des mômes », aujourd'hui épuisés. Dix ans pluscouv_bleu_soleil-der_.jpgtard, la série compte huit titres ; le dernier en date « Bleu soleil » est consacré aux chansons yiddish et tziganes de Hongrie (Analyse).

Après le succès de « World Playground » en 1999, Putumayo World Music crée la division Putumayo Kids

En 2001 Didier jeunesse lance avec « A l'ombre de l'olivier » sa belle collection de livres-CD « Comptines du monde », qui en raison de ses exceptionnelles qualités graphiques et musicales, mérite qu'on lui réserve un « coup de projecteur » ultérieur.

En 1999, Tania Le Saché démarre le premier volume de « Terres d'enfance » chez ARB music (voir article ci-après) tandis que Gallimard jeunesse musique ouvre petit à petit « Mes premières découvertes de la musique » aux cultures du monde.

Dis moi des chansons d’Haïti.png

Depuis les « Berceuses du monde entier » (Chant du monde) qui n'a jamais cessé d'être réédité, on ne compte plus les initiatives isolées en ce domaine : « Allume la lune » (Passage Piétons), les trois volumes de « Dodo la Planète » (Montagne secrète), « Les contes d'allume ciel »(Victor mélodie), « Dis-moi des chansons d'Haïti » (Kanjil éditions) (Analyse)... On ne saurait malheureusement les citer toutes.

 

Mes comptines d’Afrique.png

Parmi les productions les plus récentes, j'ai particulièrement aimé « Mes comptines d'Afrique » du conteur Souleymane Mbodj (Milan) (Analyse), « D'une île à l'autre » de Serena Fisseau (Analyse) et « Yemaya » de Zaf Zapha (Rue des enfants)D'une île à l'autre… chants et berceuses.pngYemaya, voyage musical en Amérique du Sud.png (Analyse)

 

 

 

 

 

 

 

UNE COLLECTION ORIGINALE :

 

Capture d’écran 2010-06-22 à 01.35.45.png

TERRES D'ENFANCE CHEZ ARB MUSIC (LIEN)

 

Est-ce sa double origine grecque et russe, une enfance passée au Caire ou des études en Angleterre et en Italie qui ont amené Tania Le Saché à créer la collection Terre d'Enfance au sein d'ARB music, éditio ns vouées au départ aux adultes amateurs de world music ?

 

L'aventure commence en 2000 avec un premier volume consacré aux Antilles. Suit « Mamouchka, chansons russes pour enfants » par Venonika Boulytcheva et Natalia Ermilova, deux chanteuses de Saint-Petersbourg dont la musicalité et le professionnalisme enthousiasment immédiatement les amateurs de musique traditionnelle et ...ceux qui s'intéressent aux disques pour enfants. En 2010, la collection compte près d'une trentaine de titres : y figurent des pays rarement représentés dans la discothèque enfantine : Tibet, Algérie, Cambodge, Viet Nam, Chine, Bulgarie... et des artistes pas forcément connus dans le grand public mais dont le talent apparaît comme une évidence, notamment : Emmi Kaltcheva, Jacinta, Houry Doria Apartian, Luiz de Aquino, Khadidja El Afrit, Kakoli, Khatyoon Panahi, Marlène Ngaro, Jean-Emille Biayenda, Shoming Bouboul Akwei... pour ne citer que ceux-là.

 

Cette collection de « rondes, comptines et berceuses » originaires du monde entier n'a aucune prétention ethno-musicologique. Elle s'appuie en effet sur les souvenirs d'enfance de musiciens étrangers résidant en France à qui Tania Le Saché demande de retrouver leur « Souris verte » ou leur « Au clair de la lune »  - une démarche « affective » totalement différente de celle de Francis Corpataux et de son « Chant des enfants du monde » (Arion).

 

afriquegrandslacs.jpgL'Afghanistan, l'Argentine, l'Iran, la Colombie, la Grèce, l'Egypte, l'Arménie et le répertoire yiddish de « Ot Azoy » comptent parmi les grandes réussites de « Terres d'enfance ». Le dernier sorti « L'Afrique des grands lacs » pourrait bien venir les rejoindre (Analyse).

 

 

 

lundi, 24 mai 2010

Coup de projecteur sur …

… la collection « Tintamarre », Milan jeunesse

 

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Que voilà une intéressante collection ! Tintamarre propose en effet aux 6-12 ans des chansons écrites par des artistes qui s'adressent d'ordinaire aux adultes.

Des grands qui chantent pour les petits ? Le phénomène n'est pas nouveau. Il y a belle lurette que les enfants ont adopté certaines chansons d'Henri Salvador, Pierre Perret, Georges Brassens ou Yves Duteil. Dans les années 70, le phénomène avait donné lieu à toute une collection (chez RCA) rassemblant des noms aussi variés que Jacques Brel, Rika Zaraï, Claude François, Graeme Allwright, Nana Mouskouri...

 

Plus tard, dans les années 2000 des collections de livres CD regroupent des chansons « adultes » dans leur version d'origine autour d'un thème : « Chanter contre... (le racisme, la misère, le sida) ... pour (la paix) » chez Mango Jeunesse, « Si ça m'chante » (le cirque, la jungle) chez Gallimard jeunesse musique - une bonne occasion de rassembler plusieurs générations autour de Piaf, Nougaro, Lavilliers, Montand et quelques autres.

De son côté, Philippe Meyer remet à l'honneur Jean Constantin et son « Shah sha persan », Boris Vian et sa « Complainte du progrès », Gérard Morel et ses « Goûts d'Olga », Christine Sèvres et son « Oscar et Irma » dans « La prochaine fois, je vous le chanterai » (Ed. du Rouergue), collection éponyme de l'émission radiophonique - selon le principe : une chanson par livre CD.

Jusqu'à présent, il s'agissait surtout de mettre en avant un patrimoine de chanson française en publiant des titres déjà existants.

Avec des bonheurs différents, « Toto et Tatare » (Actes Sud Junior) a tenté depuis 2006 de renouveler le genre en proposant des histoires écrites par des chanteurs : Annegarn et son « Soleilman », Olivier Coste et son « Stylo à cancres », les Fabulous trobadors et leurs « Nouvelles du quartier enchantant » comptent parmi les meilleurs titres de cette collection.

 

Céline Potard, créatrice et directrice de la collection Tintamarre va encore plus loin. Elle court les concerts et festivals de chansons pour adultes à la recherche d'artistes susceptibles de créer pour les enfants à partir d'un thème : la famille, les animaux, la nourriture, les monstres, l'école... Certains ont déjà envie d'écrire pour le jeune public, d'autres non, mais tous offrent une vision renouvelée voire originale de sujets qu'on pensait rebattus. Ils apportent de surcroît leur savoir -faire d'hommes de scène, leur propre style d'écriture musicale et font souvent appel aux musiciens de leur groupe.

Dès 2008, Alain Schneider* et David Sire (de Drôle de Sire) répondent présents. D'autres suivront : François Velliet (des Blaireaux), Pascal Parisot, Oldelaf et le tout dernier en date Merlot (du groupe Baobab).

Ce n'est pas d'hier que Céline Potard s'intéresse au sujet : pendant dix ans, elle a passé ses vacances comme animatrice en centre de loisirs dans des quartiers parfois difficiles, auprès d'enfants de primaire. La présentation des livres a tout pour séduire les 7-12 ans : une mise en page dynamique et un style d'illustrations humoristiques fortement inspirée par la bande dessinée.

Une collection novatrice de livres-CD pour une tranche d'âge où il existe peu de choix en la matière.

* une exception puisqu'il chante déjà pour les enfants

Coup de cœur

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Merlot: Au fond de la classe

Album illustré par Guillaume Long

Milan jeunesse, collection « Tintamarre »

 

 

 

 

Rien ne prédisposait Merlot, issu d'un groupe de reggae et auteur de deux album solos pour adultes*, à composer pour les enfants. Mais quand Céline Potard lui a proposé d'écrire vingt titres sur l'école, il a accepté.

S'est-il inspiré de ses souvenirs d'écolier ou du quotidien de ses propres enfants toujours dans les classes primaires ? Le fait est là : on a rarement utilisé un ton aussi juste pour évoquer la vie scolaire.

Selon Merlot, l'école, c'est lieu où on se marre, même si c'est dur d'y aller le lundi, on y fait des bêtises, on y apprend des choses et puis il y a la piscine et la cour de récré. Merlot ne se départ jamais d'un humour léger qu'il pousse un petit couplet engagé (« Président »), qu'il brosse le tendre portrait d'un cancre ou évoque « celui qui est amoureux de la maîtresse ». Et en prime il nous offre le « Tube de toilette » de Boby Lapointe, dans une savoureuse interprétation dialoguée entre enfants et adultes

A cette vision joyeuse et positive de l'école, Merlot apporte son univers musical coloré, rythmé, tout en relief et pour ça il a convoqué ses potes du groupe Baobab. Ça swingue, ça déménage, c'est vivant...

Si on veut chanter avec le disque, c'est facile (il y a plein de refrains à reprendre) ; on se plonge dans le livre aux illustrations rigolotes de Guillaume Long : toutes les paroles y figurent. Un disque à écouter en famille qui donnerait presque aux parents envie de retourner à l'école.

6-11 ans

* note [Chansons d'amour et de haine, Les fonds de tiroirs chez MVS Records Label Boxon]

dimanche, 23 mai 2010

Un événement

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Henri Dès au Festival Mino

avec Steve Waring, David Sire, Geneviève Laloy, Alain Schneider

Victorie music , CD

 

 

 

C'est avec Anne Sylvestre l'auteur-compositeur-interprète le plus connu des enfants. Depuis la parution de son premier disque « Cache-cache » en 1975 Henri Dès n'a cessé de séduire son jeune public.

Le 5 décembre 2009 à l'espace Cardin, lors du dernier Festival Mino un hommage a été rendu à l'auteur de « La Petite Charlotte » : un concert exceptionnel à tous points de vue qui, outre l'intéressé, réunissait d'autres pointures de la chanson pour enfants. Steve Waring a exercé son talent bilingue sur « Une miette de pain », Alain Schneider et David Sire ont respectivement donné la réplique à Henri Dès dans « Ma forêt » et « Les bêtises à l'école » tandis que Geneviève Laloy apportait la touche féminine de sa jolie voix claire à « L'eau, c'est de l'or ». Chacun y est allé d'une de ses créations personnelles et tous se sont réunis autour de « Jean Petit ». En solo, en duo ou en chœur, chaque invité a apporté un nouvel éclairage à des titres connus : le meilleur exemple en est la délicate et sensible interprétation du « Petit baiser » par Alain Schneider.

L'enregistrement public rend compte de l'ambiance chaleureuse qui régnait tant sur le plateau que dans la salle où les enfants ont repris spontanément les refrains des « Bêtises » ou de « Viens dans ma maison ». C'est comme si on y était.

Le livret reprend des photos du spectacle. Pas besoin des paroles : les enfants les connaissent déjà toutes par cœur.

4-7 ans.

Coup de Coeur

auvi_01.jpgJean de la Grive, conte musical

Texte d'André Ricros, musique d'Alain Gibert

Avec Michel Barbier, Clément Gibert, Christian Rollet, Guy Villers

Victorie music ,CD

 

 

Un dinocroserpentiyo terrorise le royaume. Trois fils de paysan, tous nommés « Jean » vont l'affronter à tour de rôle, mais c'est Jean de la Grive qui viendra à bout du monstre.

Tour à tour, les sept musiciens de ce spectacle (créé le 13 novembre 2006 à la Comédie de Clermont-Ferrand dans une mise en scène de Philippe Houriet) se font conteurs pour raconter cette histoire aussi horrible que drôle qui puise aux sources du folklore et intègre des morceaux instrumentaux et des chansons en français ou en patois. Parlée, chantée, chuchotée, jouée, dite à plusieurs voix, l'interprétation qui joue les rythmes et les répétitions est déjà musicale en soi.

Entre traditionnel et jazz contemporain, la musique est à l'image des deux créateurs de cet « oratorio » : André Ricros, folkloriste, chanteur et joueur de cabrette et Alain Gibert, conteur* , compositeur et tromboniste.

Pour les plus jeunes, la première fois, on peut sélectionner les plages qui content uniquement l'histoire ; mais ce serait dommage d'en rester là et de se passer de la musique vraiment formidable de ce CD inventif, drôle, décoiffant et plein de talent.

A partir de 7 ans

 

* note: [Contes du hasard domestique, Modal pouce, CD]

 

Commentaire:

le 13:07:10 louis-marie92 a écrit:

Alain Gibert est totalement réjouissant, avec son comparse André Ricros, nous offrant un "Oratotorio", comme il se plaît à le dire, qui nous réjouit les oreilles et le coeur.  On apprécie assez  les histoires (peu fines) de Toto (qui ne sont pas d'A. Gibert, comme chacun sait, mais d'un imaginaire galopin...), mais  on marque néanmoins une nette préférence pour les "Oratotorios"  qui vous convertissent immédiatement à la religion prônée par l'Arfi (Association à la recherche d’un folklore imaginaire) et le collectif Musique en friche. Attention, rien de sectaire ici , mais une Auvergne  conteuse et goûteuse,  ô combien  musicale  et ouverte à tous les métissages sonores. Ecoutez ce CD en dégustant une bonne Fourme, ou un Cantal vieux avec un verre de bon vin de terroir, et vous redemanderez de tels histoires.
Au final ciomme au total, et vivent les Oratotorios !!

mercredi, 21 avril 2010

Coup de projecteur sur …

 

gallimard-jeunesse.jpg

 

 

… la collection

 

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« Découverte des musiciens » chez Gallimard jeunesse musique

À la fin des années 90, rien ne semblait pouvoir détrôner « Les grands musiciens racontés aux enfants » du Petit Ménestrel. Cette collection qui eut certes des mérites en son temps commençait à se faire un peu désuète avec ses cinquante ans d'âge en dépit de ses nombreux rhabillages et rééditions.

En 1996, les choses vont enfin changer avec la création de « Gallimard jeunesse musique ». Après le succès de « Mes premières découvertes de la musique », ce nouveau département de Gallimard jeunesse, dirigé par Paule du Bouchet, va lancer sur le marché, dès 1998 en co-édition avec Erato, la collection « Découverte des grands musiciens ». Le concept en est simple : raconter l'enfance et la jeunesse d'un compositeur classique célèbre en insistant sur les événements qui ont pu influer sur sa création future (découverte du piano pour Debussy, pratique du chant en manécanterie pour Purcell).

Bach, Beethoven, Berlioz, Chopin, Haendel, Purcell, Schubert, Debussy, Vivaldi : autant de compositeurs populaires auprès du grand public figurent ainsi dans la collection. Mozart paraît en 2006, à l'occasion du 250ème anniversaire de sa mort et Tchaïkovski en 2007.

Les textes sont simples mais bien documentés : on les retrouve dans l'album avec des photos ou reproductions de documents d'époque accompagnés de commentaires pertinents et de références discographiques précises. L'illustration musicale est toujours soigneusement choisie et le volume se termine par une sorte de mini-concert qui donne différents aspects des genres où l'artiste a pu s'illustrer, de la musique sacrée à l'opéra en passant par la symphonie et le concert.

En 2009, changement d'orientation - et cap sur le jazz avec le remarquable « Louis Armstrong », écrit par Stéphane Olivier et raconté par Lemmy Constantine. Une excellente initiative quand on sait qu'il existe très peu de parutions en ce domaine à destination des enfants. Et en 2010, à l'occasion du centenaire de sa naissance, un non moins remarquable Django Reinhardt (voir dans la rubrique "ANALYSES" de la colonne de droite, télécharger un document "Coup de cœur").

 

 

dimanche, 11 avril 2010

Coup de cœur


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Weepers Circus à la récré


avec la participation de Juliette, Olivia Ruiz, Frédérique Bel,… Album ill. par Tomi Ungerer
Eveil et découvertes, livre CD


Huitième album des Weepers Circus, c’est aussi le premier de ce joyeux groupe de musiciens à destination des Weepers Circus (photo Nadia Wicker).jpgenfants. Depuis longtemps ils font appel au talent d’autres artistes : on écoute ainsi avec plaisir Didier Lockwood et son violon dans « Trois P’tits chats », Juliette incroyablement drôle dans « L’hélicon » de Boby Lapointe, Olivia Ruiz en français et en anglais dans « Petites boites », Caroline Loeb dans « La sorcière désespère ».

Mais qu’il s’agisse d’un répertoire enfantin très connu ou de ses créations personnelles, l’enregistrement porte en permanence l’estampille du groupe et de son humour à rebrousse-poil qui n’est pas sans évoquer Vincent Malone : écoutez donc « Le gospel des gallinacés » où l’accompagnement qu’ils ont concocté pour Frédérique Bel dans « Lundi matin ». Il y aussi une chanson en alsacien de et par Roger Siffer.

weepers_circus_a_la_recre__photo_mathieu_pelletier_.jpg

Strabourgeois comme eux, Tomi Ungerer a illustré l’album où l’on retrouve les paroles des chansons : pour la plupart projets d’affiches pour la fête de la musique et dessins inédits mais qui collent parfaitement avec l’univers déjanté de ce réjouissant livre CD.

à partir de 5-6 ans

 

Nouveautés


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Christine Beigel : Il faut sauver le prince Victor

raconté par Jacques Allaire. Album illustré par Raphaëlle Laborde-Barbanègre

Benjamins média, coll. « J’écoute, je découvre, j’imagine », livre CD


Le prince Victor naît après les 21 filles du roi « Pas-de-chance-de-chez-pas-de-pot-de-chez-pas-de-bol ». Prince héritier peu valeureux il se retrouve prisonnier de l’ennemi. Personne ne consent à lui porter secours sauf Zoé, une fille du peuple courageuse et délurée. On s’amuse beaucoup à l’écoute de ce conte qui prend le contre-pied des structures traditionnelles. Le texte qu’on retrouve dans l’album illustré par les images humoristiques et vivement colorées de Raphaëlle Laborde-Barbanègre joue plaisamment sur le vocabulaire et les néologismes ; il est servi par un récitant à la voix posée et tranquille, au ton familier, paisible, et pourtant très vivant dans son racontage.

Comme d’habitude chez Benjamins media qui s’adresse aussi à un public d’enfants mal voyants, l’illustration sonore est extrêmement soignée : bruitages bien venus et extraits du « Prélude à l’après-midi d’un faune » de Debusssy ponctuent l’histoire avec pertinence, mais on retiendra surtout les originales interventions des 21 soeurs sur fond de valse et de chuchotements qui s’intègrent au récit.

5-8 ans.





Fonfon Becker.jpgClaude Fonfrède et Dominique Becker :

Jazzy mix

DJP CD 609301

Chez Fonfrède et Becker, on chasse le moustique, on se réjouit d'apprendre des mots nouveaux, on va à l'école des sorcières, on monte dans l'Arche de Noé et on danse sur une musique de swing. Fantaisistes et ludiques, les paroles n’ont d’autre prétention que de divertir.

Côté musique, ça déménage avec d’excellents instrumentistes : Jean-Pierre Solvès au saxo et à la flûte, Stéphane Nicault au piano et Rhoda Scott « herself » qui intervient dans trois morceaux sur son orgue Hammond. On est dans le jazzy, comme c’est marqué dans le titre… L’interprétation, c’est selon : en solos ou en duos où la voix chaude et pleine de Claude Fonfrède se mêle au timbre légèrement voilé de Dominique Becker

Il y en a pour tous les goûts : des chansons à écouter et des refrains à reprendre en chœur ; c’est facile mp;nbsp;: les paroles sont dans le livret

Peut-être le meilleur CD du duo Fonfrède et Becker

à partir de 4 ans




Electro Merveille.jpgLucia Recio et Guy Villers

Electro merveilles

Arfi CD 2009 FIM047


Au départ, c’est un spectacle crée à la Cité de la Musique de Paris en mars 2008 par Lucia Reccio et Guy Villers dont on se rappelle le remarquable « Barbe bleue » ; à l’arrivée c'est une merveille ! Un objet musical non identifié en forme de déambulation à travers une galerie peuplée de dragons, de tourmentines, de domovoïs, d’animalitos, de fileuses de pierre.... et autres personnages imaginaires et hauts en couleurs. La musique originale et atypique utilise aussi bien des instruments acoustiques (clarinette,..) que synthétiques et toujours avec un bonheur et une invention renouvelées. Les interprètes utilisent à l’occasion leur voix comme d’un instrument et jouent sur les polyrythmies. Musicale, atypique, inclassable, originale, cette réalisation de l'ARFI (Association pour la Recherche d'un Folklore Imaginaire) séduit et surprend par son caractère singulier.


Pour tous partir de 5 ans




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Deux nouveaux titres de « Jardins d’enfance », intéressante collection qui allie contes traditionnels et musiques du monde


contesdudragon.jpgContes du dragon

raconté par Bernadette Le Saché, avec Wing Fong Shum (cithare), Li Yiqing (pipa)

ARB music, coll. « Jardins d'enfance » CD

Histoires malicieuses ou empreintes de sagesse (« Le singe et la grenouille verte », « La danse du dragon »), légende cosmogonique (« Le géant Pan Gu ») ou contes qui disent l’origine du ver à soie ou d’étoiles (« La tisserande et le bouvier »). C’est une Chinoise qui a raconté à l’éditeur ces contes traditionnels : de là sûrement vient ce parfum d’authenticité confirmé par l’illustration musicale à la cithare et au pipa assurée par des musiciens du cru et dont on retrouve les thèmes (trop courts) à la fin de l’enregistrement. Bernadette Le Saché, sociétaire de la Comédie Française, récitante alerte et vivante, prend visiblement beaucoup de plaisir à changer sa voix pour camper les différents personnages.

6-9 ans


contesducondor.jpgContes du condor

raconté par Bernadette Le Saché, chanté par Jacinta

ARB music, coll. « Jardins d'enfance » CD

Contes traditionnels d’Argentine et de la Cordillère des Andes : quête du feu, fille de chef sauvée par un berger, légende du maté, affrontement entre l’astuce du condor et l’arrogance du serpent. Un petit regret pour le dernier conte (« Lincarayen »), visiblement édulcoré. Cela dit, le répertoire reste intéressant, mais ce qui ravit l’oreille dans cet enregistrement c’est la musique et surtout la présence de la chanteuse Jacinta, déjà très remarquée dans les « Rondes, comptines et berceuses d'Argentine » * : voix magnifique et prenante avec un registre très étendu (elle peut passer du très grave au très aigu avec une incroyable aisance).

6-9 ans

* chez le même éditeur, coll. « Terres d’enfances »

samedi, 06 mars 2010

Un grand coup de cœur !

Fawzy Al-Aiedy : Baynafawzy.jpg

Victorie music, coll. « L’oreille de nos enfants » CD301801-5

Quel beau mariage que ces noces entre l'arabe et le français, le oud et la cornemuse, le musicien irakien Fawzy Al-Aiedy et la chanteuse française Evelyne Girardon

« Chansons traditionnelles de France et miroir d’Arabie » annonce le sous-titre. On ne saurait mieux résumer le contenu de cet enregistrement. A part « Pique la baleine », « Brave capitaine » et « En revenant de noces », le répertoire choisi n’est pas spécialement connu ni particulièrement enfantin. En regard, en miroir Fawzi Al Ayedy nous offre des compositions originales en arabe qui s’intercalent et se mêlent à la chanson originale dont elles reprennent le sujet.

Fawzy Al-Aiedy avait amorcé ce travail avec le morceau « En revenant de noces » dans « Mangue , alizé, papaye » troisème volume d' « Au fil de l'air » (L’Autre distribution). La cornemuse était alors dans les mains de Jean Blanchard. Dans « Noces », c’est François Lazarevitch qui assure le rôle de cornemuseux, flûtiste et chanteur donnant la réplique à Adel Sham El Din, ses percussions, sa derbouka, son bendir et son req et au zarb de Pedram Khavarzamizi. Et puis il y a les voix d’enfants qui passent avec aisance d’une langue à l’autre.

Est-ce vraiment un disque pour enfants ? Il est certes paru dans une collection qui leur est destinée, mais il séduira tout le monde par son originalité, son interprétation et l'excellence de sa musique.

À partir de 5 ans.

 

Commentaires

Le 8/03/10 à 8:08 louis-marie92 a écrit:

Ayant eu le bonheur de voir ce spectacle peu après sa création à Vitry-sur-Seine, la séduction a joué tout de suite car ce merveilleux rapprochement musical et culturel met l'oreille en éveil perpétuellement

Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire tous les commentaires

Coup de projecteur sur …

des_braques.jpg

… un nouvel éditeur :
Les Editions des Braques [voir le site *]
(4 rue de Braque 75003 Paris)

Ce nouvel éditeur a vu le jour en hiver 2009.
Deux instances ont présidé à sa création  :
Tralalère[voir le site **], créateur de contenu plurimedia pour les enfants
Victorie music[voir le site ***], éditeur phonographique dont le catalogue propose les plus grands noms de la chanson pour enfants : Henri Dès, Alain Schneider, Steve Waring …

Leur emblème est un petit entonnoir orange. Ses créateurs revendiqueraient-ils un petit grain de folie dans un contexte résolument morose en matière d’édition phonographique ? Ils ont parié, et c’est astucieux, sur l’alliance livre et CD, livre et DVD. Une excellente idée en ce qui concerne le CD ; en effet si celui-ci a un avenir - à court ou à moyen terme - c’est certainement sous forme de livre CD et destiné à un jeune public.

Leurs premières parutions, annoncées pour avril 2010, misent sur des valeurs sûres : Henri Dès et son premier Cache-cache (celui de 1977 qui n’a pas pris une ride – voir l'analyse, ci-contre à droite), Sophie Forte et son « J’suis vert » (sur un sujet dans le vent : l’écologie) et Alain Schneider qui a écrit l’histoire de Mon dinosaure a disparu.

C’est l’illustrateur Vincent Farges, ancien élève de l’école Saint Luc en Belgique qui s’y colle pour quatre titres : ses pastels à la cire rendent bien la poésie et la fantaisie de Cache-cache, et ses illustrations mixtes (utilisant dessins et collages divers) qui s’appliquent autant aux albums qu’aux clips vidéo sont pleines d’imagination et d’humour.

Pour l’automne, on attend en album CD un deuxième Henri Dès (« La petite Charlotte »), un Pierre Chêne et un conte d’Andersen (« La petite Poucette ») et en album DVD : « La princesse orgueilleuse » d’Ousmane Diarra.

A paraître en avril 2010 :
Henri Dès : Cache-cache, ill. Vincent Farges, livre CD
Sophie Forte : J’suis vert, ill. Camille Loiselet, livre CD
Alain Schneider : Mon dinosaure a disparu, ill. Vincent Farges, livre DVD
Mamadou Sall : La fourmi et le roi Salomon (conte de Mauritanie), ill. Vincent Farges, livre DVD

* www.leseditionsdesbraques.com
** www.tralalere.com
*** www.victorie-music.com

vendredi, 05 mars 2010

C'est nouveau …

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René Goscinny : La bonne surprise et autres histoires du Petit Nicolas
raconté par Benoît Poelvoorde
Gallimard jeunesse, coll. « Ecoutez lire »

Ils sont tous là : Agnan le chouchou de la maîtresse, Clotaire le cancre, Geoffroy à qui son père achète tout ce qu'il veut, Alceste qui mange tout le temps, Marie-Edwige la chipie qui fait marcher Nicolas ... Sans oublier les adultes ; le Bouillon (le surveillant qui dit toujours « regardez-moi dans les yeux »), Monsieur Blédurt le voisin qui fait toujours des commentaires et bien sûr le papa et la maman de Nicolas

C'est un texte à deux niveaux, où Goscinny se met à hauteur d'enfant tout en gardant un regard adulte sur la famille, les copains, l'école, le monde imaginaire du jeu et les bêtises

Benoît Poelvoorde est formidable. Le débit est rapide, juste ce qu'il faut et toujours précis, l’élocution parfaite et le comédien sait infléchir subtilement sa voix pour camper tel ou tel personnage. il ne joue pas le petit Nicolas, il « est » le petit Nicolas qui pose un regard naïf sur le monde qu'il l'entoure : sensible à l’injustice, enthousiasmé par les jeux avec les copains, passionné dans les disputes

Une petite musique qui rappelle les films de l'époque (Tati notamment) ponctue discrètement les évènements

Le texte n'a rien perdu de sa drôlerie et l'interprète est décidément époustouflant. Un grand bonheur d’écoute !

À partir de 8 ans.


Gigi Bigot :C'est pas vrai ! T'as menti9782912754226.jpg
ill. Maximiliano Lucchini
Réalisation de Ludovic Rocca, chanté par les élèves de la classe de chant du conservatoire à rayonnement régional de Montpellier ;
Benjamins media, coll. « J’écoute, je découvre, j’imagine » livre CD

Un ensemble sur le mensonge particulièrement réjouissant.

Pour trouver un mari à sa fille, un roi organise un concours de menteries : le gagnant doit dire un bobard si extraordinaire qu'il fera s'écrier au monarque : C'est pas vrai ! T'as menti ! »

Ce conte traditionnel breton adapté par une conteuse pleine de malice est complété par trois chansons traditionnelles sur le thème de la menterie chantées a capella par un choeur d'enfants : un peu scolaire dans l'interprétation, mais les voix sont justes et l'élocution telle qu'on peut se passer d'aller consulter les paroles dans le livre.

Vivante, animée, malicieuse, la conteuse dont le talent n'est plus à démontrer captive d’emblée par sa façon musicale de ménager des silences, de faire des pauses, de rythmer ses phrases.

Ajoutant à cette musicalité, l'accordéon de Gabrielle Compas donne une note populaire, accompagnant la voix, ponctuant et rythmant le récit sans jamais prendre le pas sur lui.

On pourra se référer au texte dans l’album dont les illustrations humoristiques rendent bien le caractère ironique de l’histoire. Celui-ci est également disponible en transcription braille et en gros caractères sur demande (Benjamins média est une association qui s’adresse aussi aux enfants mal voyants et à leurs famille).

À partir de 6 ans.